Après l’expédition d’Alexander McKenzie en 1793, qui avait permis pour le première fois à un européen d’atteindre l’Océan Pacifique, une deuxième expédition est imaginée par Thomas Jefferson au tout début du XIXe siècle.
L’achat, par les Etats-Unis de la Louisiane en 1803 permit au projet de prendre forme. Cette aventure était l’occasion d’étudier les tribus amérindiennes, la flore, la faune, la géologie en plus de permettre la découverte d’un passage fluvial vers le Pacifique. Thomas Jefferson choisit Meriwether Lewis pour commander cette expédition, qui lui choisit William Clark pour l’accompagner et l’assister. En décembre 1803, 45 hommes sont rassemblés à Saint-Louis. Ils prirent place dans 3 embarcations et le Corps of Discovery commença son long périple le 14 mai 1804. Accompagné de son chien Seaman, Lewis dirigea son groupe vers le nord en suivant le cours sinueux de la rivière Missouri. Ils atteignirent Fort Mandan, dans ce qui est aujourd’hui le Dakota du Nord, où ils passèrent l’hiver 1804-1805.
Ils repartirent au printemps. Et comme ils s’engageaient sur des territoires autochtones peu connus, ils décidèrent d’embaucher un canadien-français Toussaint Charbonneau et sa femme Sacagawea (autochtone Shoshone) comme interprètes. C’est probablement à cette dernière qu’il faut attribuer la réussite de cette expédition. En effet, par deux fois, elle sauva l’expédition. La première fois en sauvant des vivres et des documents importants des eaux et la seconde en parlementant avec les Shoshone, une tribu particulièrement réfractaire au passage du groupe sur leur territoire. Mais comme Sacagawea avait pour frère un des chefs, cela facilita les pourparlers. Et pour ajouter à l’exploit, elle accoucha d’un fils, Jean-Baptiste durant le voyage. L’expédition
put donc poursuivre son chemin à travers les Rocheuses en empruntant les rivières Clearwater, Snake et Columbia. Ils passèrent les chutes de Celilo et l’emplacement de ce qu’est aujourd’hui la ville de Portland. Ils atteignirent le Pacifique en décembre 1805. Pour marquer cet exploit, Clark grava le texte suivant sur le tronc d’un arbre : William Clark December 3rd 1805. Au printemps suivant ils repartirent et arrivèrent à Saint-Louis le 23 septembre 1806.
Cette expédition permit de parfaire les connaissances géographiques de l’Ouest, d’identifier de nombreuses tribus indiennes inconnues jusque là, et devint la référence pour les années à venir qui virent l’ouverture des territoires de l’Ouest.
Pour en lire d’avantage sur cette expédition, vous pouvez lire l’ouvrage suivant:
AMERICA : L’EXPÉDITION DE LEWIS ET CLARK ET LA NAISSANCE D’UNE
NOUVELLE PUISSANCE
Auteur : Denis VAUGEOIS
Éditeur : Septentrion
Paru : 2002
Disponible : Septentrion (pdf), Archambault (pdf)
L’année 2003 permettra aux Américains de rappeler l’acquisition de l’immense territoire de la Louisiane en 1803. On dira sans doute que « sous l’impulsion du président Jefferson », les États-Unis doublaient ainsi leur superficie.
Puis, ce sera le rappel de la fameuse expédition de Lewis et Clark qui avaient reçu le mandat de trouver une voie navigable vers le Pacifique. Partis en mai 1804 de Saint-Louis à l’embouchure du Missouri, ils reviendront en septembre 1806, après avoir passé deux hivers chez les Indiens. On dira alors tous les mérites des deux capitaines, mais sans doute peu de chose des Indiens qui ont accueilli les explorateurs ou des Canadiens qui ont servi de guides, de chasseurs et d’interprètes.
Depuis plusieurs années, Denis Vaugeois se passionne pour l’Amérique française, les rivalités franco-anglaises et les alliances franco-indiennes. De longues recherches poursuivies sur le terrain l’ont conduit sur les traces de Lewis et Clark et l’ont amené à questionner de façon personnelle l’expédition elle-même et sa portée. Il en est sorti America.
La déclaration d’indépendance de 1783 commençait par ces mots : « We the people of the United States ». Un demi-siècle plus tard, la formule aurait été « We are America ». À partir de 1803, les Américains prennent possession d’une partie du continent, mais n’hésitent pas à se prendre pour tout le continent. Ils sont les Américains. Ils sont l’Amérique. Ils le sont de droit divin. C’est leur « manifest destiny ». Aujourd’hui, elle leur suggère de se faire les gendarmes de la planète.
« America » est un nom qui a été créé en France en 1507. Denis Vaugeois a choisi d’en faire le titre général de son essai dont le sous-titre est L’expédition de Lewis et Clark et la naissance d’une nouvelle puissance.
Un livre bien documenté qui corrige bien des questions. Ainsi, l’interprète Toussaint Charbonneau n’est pas né en 1759, mais en 1767; malgré sa vie déréglée, il a fait baptiser son fils. Si Lewis le traitait avec un certain mépris, il était par ailleurs très apprécié de William Clark. Jefferson, pour sa part, a été un extraordinaire président, un homme des lumières, mais aussi un raciste dont les propos sur les Noirs sont absolument déroutants. Surtout si on jette un regard sur sa vie personnelle. Il n’avait jamais eu l’intention d’acheter la Louisiane!
America est aussi un cours de géographie politique avec ses quelque 25 cartes et l’occasion de découvrir des artistes tels Karl Bodmer, Alfred Jacob Miller et George Catlin ou des intellectuels tels John James Audubon et Francis Parkman.
Solidement documenté, America reste un ouvrage accessible et de lecture agréable.