Janissaire. Ayant souvent entendu ce terme, je ne m’étais jamais penché sur sa signification et ce à quoi il pouvait référer. Mes recherches m’ont plongé dans l’empire ottoman, un empire peu connu de nous, occidentaux. Les janissaires est un corps d’élite de l’infanterie ottomane. Les Turcs, un groupe ethnique provenant des steppes asiatiques ont surtout développer au fil du temps leurs habilités comme cavaliers. Mais leur aptitude comme soldat de terre a toujours laissé à désirer. Cela explique pourquoi ils ont voulu à un certain moment, pallier à cette lacune en créant un nouveau groupe de militaires, qui ne serait constitué que de soldats d’élite. Le nom même de janissaire (yeniçeri) veut dire en turc « Nouvelle milice ». Pour constituer ces groupes de janissaires, les Turcs n’ont pas hésité à utiliser des esclaves chrétiens de 10 à 15 ans. Ceux-ci étaient choisis au sein des territoires conquis par l’empire. Il était donc normal d’y retrouver des grecs, bulgares, serbes, russes, ukrainiens, roumains, albanais, croates, hongrois, arméniens et géorgiens. Pour « prélever » leurs recrues, les ottomans ont mis au point une règle. Celle-ci appelée « devchirmé » consistait à sélectionner un fils sur quarante. Les familles des 39 autres garçons devaient assumer les dépenses du voyage de l’élu vers la capitale de l’empire. Créée en en 1334 par Orkhon, fils d’Osman 1er, cette nouvelle faction de l’armée mit peu de temps à se distinguer. Tant et si bien qu’elle devint le cœur même de l’armée ottomane. Faciles à identifier, les janissaires portaient un haut turban blanc orné de plumes. Leur simple costume suffisait à imposer le respect. Puis, les années passant, ils devinrent si puissants qu’ils formaient presque un pouvoir que les sultans ne pouvaient contourné. Vers le début du XVIIIe siècle, le rapt d’enfants chrétiens cessa et le recrutement se fit de plus en plus au sein même de la communauté turque. On cessa de les considérer comme des esclaves. Les janissaires obtinrent même le droit de fonder des familles. Avec leurs nouveaux privilèges, se développa en leur sein une forme résistance au pouvoir. Ils se mirent à se révolter et devinrent une réelle menace pour le pouvoir du sultan. Cela explique pourquoi au XIXe siècle, le sultan Mahmoud II décida de se débarrasser de ce groupe encombrant et menaçant. En juin 1826, les janissaires sont massacrés. Cette tuerie fit plus de 8000 morts parmi le corps d’élite. Les jours suivants, d’autres furent exécutés, exilés et massacrés. En tout, cette tuerie fit 120 000 morts. Certains survécurent mais leur pouvoir de jadis ne ressuscita jamais.
Un bon livre sur les janissaires est le suivant :
LE COMPLOT DES JANISSAIRES : L’EUNUQUE HACHIM MÈNE L’ENQUÊTE
Auteur : Jason GOODWIN
Éditeur : Plon
Paru : Avril 2007
Résumé :
Au coeur de l’Empire ottoman en 1836, une série de meurtres menace le fragile équilibre du pouvoir. Une concubine est étranglée dans le harem du palais et un jeune officier est retrouvé assassiné dans les rues d’Istanbul.
Hachim, un détective peu ordinaire – c’est un eunuque -, connu pour sa rare intelligence et sa discrétion, va mener l’enquête pour trouver le coupable. Il nous guide à travers les luxueux sérails du palais et les rues grouillantes de la cité, et s’appuie tour à tour sur un ambassadeur polonais grincheux, un danseur transsexuel et une reine créole native des îles. Et surtout il nous introduit dans le cercle très fermé des Janissaires, auxquels le sultan a fini par enlever tout pouvoir.
Mais les Janissaires ne seraient-ils pas en train d’échafauder le plan d’un retentissant retour ?
Ce polar historique marque l’entrée remarquée du jeune historien Jason Goodwin dans le domaine romanesque. Ce livre est le premier d’une série d’enquêtes menées par Hachim, le détective ottoman.
Jason Goodwin a étudié l’histoire byzantine à l’université de Cambridge. Il est l’auteur d’une histoire de l’Empire ottoman et d’un récit de voyage intitulé Chemins de traverse (Phébus, 1995).